L’« ère Lieberman » a commencé
Les Palestiniens d’Israël, otages de l’extrême droite
Par Joseph Algazy et Dominique Vidal
(Le Monde Diplomatique, mai 2009)
A la fin mars, le dirigeant d’extrême droite Avigdor Lieberman a accédé aux postes de vice-premier ministre et de ministre des affaires étrangères d’Israël. Lorsque Jörg Haider et ses amis du Parti libéral (FPÖ) entrèrent, en 2000, dans le gouvernement autrichien, l’Europe protesta quasi unanimement. Ce que, curieusement, elle n’a pas fait cette fois. Pourtant, conformément à la ligne de son parti, Israël Beitenou (« Israël, notre maison »), le leader d’origine russe a multiplié, tout au long de la campagne électorale, les déclarations racistes envers les Palestiniens d’Israël. On aura surtout retenu, en Occident, les premières déclarations du nouveau chef de la diplomatie jetant aux orties tous les accords signés précédemment par son pays, y compris la conférence purement médiatique d’Annapolis. De fait, elles ont provoqué un premier clash avec l’administration de M. Barack Obama, en quête de détente au Proche-Orient. Mais, en matière de politique intérieure, la remise en cause par M. Lieberman de la citoyenneté des Palestiniens d’Israël et sa proposition de les « transférer » à terme risquent d’alimenter d’autres clashs, sanglants ceux-là, entre citoyens juifs et arabes.
Son leitmotiv : loyauté envers l’Etat. Mais il ne l’explicite jamais. Si bien qu’avant de le quitter nous lui demandons : « Imaginons que vous vous trouviez en Allemagne du temps du nazisme. A qui irait votre loyauté ? — A l’Etat », rétorque-t-il sans ciller. Cette réponse, formulée en plein Parlement, à Jérusalem, laisse pantois. D’autant que notre interlocuteur nous a raconté comment son père quitta le Reich dès l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir. Comprenne qui pourra...
Vice-président du Parlement sortant, pressenti pour diriger la nouvelle commission des lois, l’avocat David Rotem passe pour un proche de M. Avigdor Lieberman, le leader du parti Israël Beitenou, dont il rabâche les récents discours électoraux. « Qu’il soit juif, musulman ou chrétien, un citoyen doit se montrer loyal à l’égard de l’Etat. Sinon ce n’est pas un citoyen. » Et de s’en prendre, d’une même tirade, au rabbin Meyer Hirsch, coupable d’avoir rencontré le président iranien Mahmoud Ahmadinejad (1), comme aux députés arabes qui ont osé manifester contre le massacre perpétré à Gaza.
D’où la proposition du parti : que chaque Israélien prête serment au drapeau (qui comporte le bouclier de David, symbole du judaïsme), chante l’hymne national (qui évoque l’« âme juive ») et accomplisse, le cas échéant sous forme civile, son service militaire (auquel les Arabes, à l’exception des Druzes et de certains Bédouins, mais aussi les ultra-orthodoxes, ne sont pas astreints).
Son mot d’ordre électoral en dit long : « Seul Lieberman parle arabe ». Commentaire de l’historien Shlomo Sand : « Dans sa Moldavie natale, il exerçait le métier de videur de boîte de nuit. Maintenant, ce sont les Arabes qu’il veut vider. » Cette boutade néglige toutefois une spécificité du parti russe (2) : le projet officiel de ce mouvement consiste non à expulser les Palestiniens (3) — comme en 1948 —, mais à rattacher au futur Etat palestinien les territoires où ils se concentrent, en particulier le nord du Triangle, Oum Al-Fahm et ses environs. En échange, Israël annexerait les blocs de colonies de Cisjordanie, à commencer par ceux encerclant Jérusalem-Est.
Car, contrairement au Likoud, Israël Beitenou envisage, formellement s’entend, la perspective des deux Etats. « Nous acceptons, martèle M. Rotem, le principe de la partition de 1947. Mais les Palestiniens veulent un Etat “judenrein (4)”, les Israéliens un Etat juif à 100 % — et non un “Etat de tous ses citoyens”. Il suffira qu’un accord international redessine les frontières dans cet esprit. »
Pourquoi tant d’acharnement contre le million et demi de Palestiniens d’Israël ? Si les réponses des trois partis arabes représentés à la Knesset convergent, elles comportent néanmoins certaines nuances.
La trentenaire Hanin Zoabi est la première femme d’un parti arabe à y siéger. Par son charisme, elle a contribué à « sauver » électoralement le parti de l’Assemblée nationale démocratique (Balad), dont le fondateur Azmi Bishara, sous le coup de poursuites pour « trahison », a dû s’exiler. Etrangement, elle voit dans la position de M. Lieberman une sorte de « donnant donnant » : « Je me retire des territoires occupés, donc je m’assure de votre loyauté. » Il faut par conséquent « rappeler aux Palestiniens d’Israël qu’ils vivent dans un Etat juif et doivent l’accepter comme tel ». M. Benyamin Netanyahou « ne se prononçant pas pour deux Etats, il n’a pas besoin d’insister sur le caractère juif d’Israël ».
Dans son bureau de Nazareth, la capitale arabe de la Galilée, l’avocat Tawfik Abou Ahmad se réclame du mouvement islamiste, présent dans la Liste arabe unie (Raam) - Mouvement arabe pour le renouveau (Taal). Selon lui, la droite et l’extrême droite tiennent un discours antiarabe afin de « démontrer aux Juifs israéliens qu’elles protègent leurs intérêts » ; elles créent « un ennemi intérieur pour le combattre et renforcer ainsi leur popularité ». Au lieu d’ériger la loyauté des Arabes israéliens en condition de leur citoyenneté, conclut le juriste, « l’establishment devrait comprendre que c’est l’inverse : une vraie citoyenneté, c’est-à-dire l’égalité des droits, garantira leur loyauté. Seule la justice, dit un de nos proverbes, cicatrise les blessures »...
Longtemps maire d’Eilaboun, en Galilée, M. Hanna Swaid occupe le deuxième siège du Front démocratique pour la paix et l’égalité (Hadash, communiste), qui en compte à présent quatre. Sans négliger la dimension électoraliste du comportement d’Israël Beitenou, il se montre néanmoins plus préoccupé que ses collègues : « Rendre le service militaire obligatoire aggraverait effectivement toutes les discriminations anti-arabes (5). » Mais surtout, ajoute-t-il, « ces thèses bénéficient d’un soutien populaire accru, qui risque de susciter entre Juifs et Arabes des tensions pouvant remettre en cause leur coexistence, déjà éprouvée par les fusillades d’octobre 2000 et le pogrom de Saint-Jean-d’Acre en octobre 2008 (6). L’“ère Lieberman” est annonciatrice d’affrontements, notamment dans les villes mixtes ».
Normalisation du racisme
« Tout découle de l’échec de la politique de séparation inventée par l’ex-premier ministre Ariel Sharon, estime pour sa part le juriste Hassan Jabareen, directeur général d’Adalah, le Centre juridique pour les droits de la minorité arabe en Israël, qui nous reçoit dans son bureau de Haïfa. Ni le mur, ni le désengagement de Gaza, ni les aventures militaires de l’été 2006 et de l’hiver 2009 n’ont abouti. « C’est justement, poursuit l’avocat, l’impossibilité d’imposer une solution unilatérale qui pousse l’establishment israélien à s’en prendre aux Palestiniens d’Israël. » Car la « menace démographique », qui justifiait l’intérêt d’Israël pour la création d’un Etat palestinien, concerne désormais l’Etat juif lui-même. « Personne ne croit plus aux deux Etats, le conflit se développe à nouveau sur tous les fronts, comme en 1948 : il n’y a plus de différence majeure entre Haïfa, Naplouse et Jérusalem-Est. Sauf que faire la “guerre” aux Palestiniens de Haïfa semble plus facile... »
Ce disant, l’avocat rejoint... M. Lieberman. Lorsque ce dernier démissionna, en janvier 2008, du précédent gouvernement, où il figurait comme ministre des « affaires stratégiques », il déclara sans ambages : « Notre problème n’est pas la Judée et la Samarie, mais la direction fondamentaliste extrémiste qui se trouve à la Knesset. (...) Notre problème, ce sont [les dirigeants arabes israéliens] Ahmed Tibi et Barakeh — ils sont plus dangereux que [le leader du Hamas à Damas] Khaled Mechaal et [le chef du Hezbollah libanais] Hassan Nasrallah. Ils travaillent de l’intérieur et œuvrent méthodiquement à la destruction de l’Etat d’Israël comme Etat juif (7). »
A vrai dire, la mobilisation contre cette « cinquième colonne » — expression couramment utilisée — a débuté depuis longtemps, dans les esprits, au sein des institutions et sur le terrain.
A commencer par la normalisation des propos racistes. Comme ceux de l’ex-député du Likoud Yehiel Hazan comparant, en 2004, les Arabes israéliens à des « vers » qui s’emploient de manière « souterraine » à « faire du mal au peuple juif depuis cent ans (8) ». Autre likoudnik concourant pour le Guinness Book de l’arabophobie, M. Moshe Feiglin : « Vous ne pouvez pas apprendre à parler à un singe, et vous ne pouvez pas apprendre à un Arabe à être démocrate. Vous avez affaire à une culture de voleurs et de bandits. Mahomet, leur prophète, était un bandit, un tueur et un menteur (9). » En 1985, une loi privait le parti Kach, du rabbin Meïr Kahane, de campagne électorale en raison de déclarations de ce tonneau... L’escalade du début 2009 a conduit le président Shimon Pérès à déclarer, la veille du scrutin : « En tant que chef de l’Etat, je m’inquiète des incitations à la violence contre une partie de l’opinion. Les Arabes, comme tous les citoyens du pays, ont des droits et des devoirs égaux. »
Le mal, hélas, est fait : selon des enquêtes réalisées en 2006 et 2007, 78 % des Juifs israéliens s’opposent à ce qu’il y ait des partis arabes dans le gouvernement ; 75 % ne voudraient pas vivre dans le même immeuble que des Arabes ; 75 % les jugent enclins à la violence (54 % des Arabes pensent la même chose des Juifs) ; 68 % craignent une nouvelle Intifada ; 64 % redoutent la démographie arabe ; 56 % estiment que « les Arabes ne peuvent pas atteindre le niveau juif de développement culturel ». Côté « solutions », 55 % des Juifs israéliens croient que le gouvernement devrait encourager l’émigration des Arabes, 50 % prônent leur « transfert » et 42 % proposent qu’on leur retire le droit de vote (10)...
Science-fiction ? L’histoire enseigne qu’un tel climat rend possibles, sinon probables, de graves régressions. A preuve, le vote, en 2003, d’une loi interdisant à un conjoint palestinien de Cisjordanie ou de Gaza de rejoindre son mari ou sa femme en Israël (11). Certes, le nouveau gouvernement ne transformera pas demain les projets de son ministre des affaires étrangères en législation. Mais après-demain, qui sait ?
« Le plus grave, ce n’est pas Lieberman, mais les petits Lieberman qui pullulent, créant un climat de terreur où le moindre incident peut dégénérer. » Le boulanger Ahmad Oudeh sait de quoi il parle : il vit à Saint-Jean-d’Acre (cinquante-trois mille habitants, dont dix-sept mille Arabes) et siège au conseil municipal de cette cité encore meurtrie par les affrontements d’octobre dernier. Plusieurs centaines d’émeutiers juifs avaient alors détruit ou endommagé trente maisons, quatre-vingts magasins et cent voitures (12). Nous voilà partis pour un tour de ville peu touristique : ici, les cinq vieilles demeures de l’ancienne cité restaurées et confiées à des étudiants juifs par la compagnie Amidar, « propriétaire » des biens arabes « abandonnés » en 1948 ; là, le nouveau bloc en construction portant le doux nom de « Poing du Nord » et destiné en particulier à d’ex- colons de Gaza ; non loin, le chantier de la plus grande yeshiva (école religieuse) du nord du pays ; dans le souk, des dizaines d’écoliers juifs déambulant escortés de gardes armés de fusils ; sans oublier la mosquée Al-Lababidi, toujours fermée alors que le quartier est en majorité peuplé de musulmans...
Changement de décor, mais pas de logique, à Lod (ex-Lydda), où nous invite l’urbaniste Buthaina Dabit. Les mille Palestiniens ayant échappé à l’expulsion de juillet 1948 sont devenus onze mille, sur un total de soixante-dix mille habitants. « Pour rejudaïser la ville, explique notre guide, le maire veut d’un côté chasser les Arabes et de l’autre attirer de nouveaux résidents juifs. » Le chemin cahoteux, où notre petite voiture peine, illustre on ne peut mieux ce double processus : sur notre droite, les bâtiments coquets de Ganei Aviv (« Les jardins du printemps ») ; à gauche, une sorte de bidonville arabe en ruine, visiblement à l’abandon et menacé de destruction, d’où émergent, ici ou là, quelques riches villas, qu’un mur — dont la construction a été arrêtée par la justice — sépare du moshav (« coopérative ») Nir Zvi. « Hier, rappelle notre architecte, ils utilisaient les Juifs orientaux pour nous chasser ; puis ce furent les Russes, et maintenant les religieux. Nous devrions nous battre ensemble plutôt que les uns contre les autres. »
« Choisir nous-mêmes la meilleure solution »
« La fiancée de la mer » : tel était autrefois le surnom de Jaffa, annexée à Tel-Aviv après la Nakba (« catastrophe » de 1948), et dont la population compterait actuellement 40 % de Palestiniens. D’où, là encore, une entreprise de rejudaïsation, qui joue sur... la pauvreté. Dans la permanence de la liste commune Hadash-Balad, la coordinatrice du programme d’aide aux femmes Judith Ilany résume : « Prenez la famille F., une femme seule avec trois enfants. En attendant, sans grand espoir, un logement social, elle louait un appartement privé pour 2 000 shekels [357 euros], les deux tiers de ses revenus. Son propriétaire l’a virée, et elle a dû signer un nouveau contrat de location à 4 000 shekels... qu’elle n’a évidemment pas pu régler longtemps. Endettée, elle a subi une seconde expulsion. Certes, elle pourrait obtenir une baisse d’impôts, à condition de remplir un volumineux dossier en hébreu, langue qu’elle ne parle pas. Et cela ne suffirait pas pour qu’elle échappe aux gros bras de l’entreprise privée chargée par la municipalité de saisir les locataires récalcitrants. » Plus de cinq cents ordres d’expulsion, fondés sur l’absence de permis de construire (13), planent sur Jaffa comme une épée de Damoclès. Dans le Néguev aussi, on détruit des maisons, mais par villages entiers (lire « Bédouins oubliés du Nakab »).
Directrice de l’association Women Against Violence, la dirigeante communiste Aïda Touma-Sliman a fondé — elle en est fière — le premier refuge arabe de femmes battues du monde. Militante de terrain, c’est là, plus que dans les urnes, qu’elle observe une « tendance à la fascisation. Certains pensaient cette formule exagérée. Les faits, hélas, nous donnent raison : contestation de notre légitimité, harcèlement souvent violent, tentatives de judaïsation de nos villes... La déshumanisation des Palestiniens de Gaza a passé la frontière. Et nous savons d’expérience jusqu’où cela peut aller. » Certes, Nazareth se sent forte : non seulement la capitale de la Galilée reste presque exclusivement arabe, mais, faute de logements, ses habitants vont en louer ou même en acheter dans sa « sœur » Nazareth Illit, conçue à l’origine comme contrepoids juif. Reste que, pour la militante, « même ici, les discours de Lieberman résonnent comme un appel à l’assaut contre nous ».
Angoissée, la communauté palestinienne d’Israël n’entend pourtant pas se laisser faire. La tragédie de Gaza et le caractère raciste de la campagne électorale ont déjà eu raison du boycott annoncé : 52 % des Arabes israéliens sont allés aux urnes, et leur vote s’est radicalisé. Seuls 12 % des électeurs arabes ont choisi un des partis sionistes (contre plus de 30 % il y a trois ans), les autres préférant les trois mouvements qui représentent leur cause, et notamment le Hadash. De cette mobilisation a aussi témoigné, le 30 mars, la participation massive à la Journée de la terre.
Comment amplifier cette riposte et arrêter ce que Me Hassan Jabareen qualifiait d’« apartheid rampant » ? Deux cents Arabes et Juifs, miroir des différentes sensibilités et générations, en débattent, par un samedi ensoleillé, lors d’une conférence contre le racisme organisée à Saint-Jean-d’Acre. Une sourde colère inspire bien des interventions : le conseiller municipal islamiste Adham Jamal, allié du maire, en fera les frais pour avoir théorisé son impuissance. Mis en accusation par une des familles privées de maison depuis octobre, il quittera les lieux sous les quolibets.
Au cœur des échanges, la question de l’alliance. « Nous sommes les victimes, c’est donc à nous d’en définir les bases », nous avait assuré la jeune députée du Balad. « Je comprends que les Arabes d’Israël soient déchirés entre leur Etat et leur peuple, mais il faut, dans leur intérêt, qu’ils comprennent les frustrations des Juifs. Papoter pendant que hurle la sirène célébrant la Shoah ou violer le calme de Kippour n’est pas acceptable », rétorque Mme Myriam Darmoni-Charbit, qui, au sein de la plus grosse organisation non gouvernementale éducative d’Israël, forme des professeurs juifs et arabes. Elle pense à « tous ces électeurs du Likoud qui, sur les questions sociales, peuvent s’investir dans le combat pour l’égalité ».
Dialogue de sourds ? Le 11 novembre 2008, aux élections municipales de Tel-Aviv, le député communiste Dov Khenin avait battu tous les records en obtenant plus de 30 % des voix (et près de 75 % chez les moins de 35 ans). Mais sa liste arc-en-ciel « Ville pour tous » ne comportait pas de... Palestiniens de Jaffa.
L’alliance, donc, mais pour quel objectif : deux Etats ou un Etat binational ? « Certains mouvements de solidarité oublient qu’ils ne représentent pas le peuple palestinien. Notre droit à l’autodétermination consiste aussi à choisir nous-mêmes la solution qui nous semble la meilleure », insiste d’emblée Mme Touma-Sliman. Puis elle brandit tous les sondages — « sans exception » — réalisés en Cisjordanie et à Gaza : « Si les neuf dixièmes des Israéliens juifs veulent un Etat à eux, il en va de même des deux tiers des Palestiniens des territoires occupés. » Et pour cause : « Dans un Etat binational, que deviendraient les colonies ? Et, au-delà, qui garantirait nos droits ? » Pour la militante, il ne faut pas oublier les rapports de forces : « Seule la communauté internationale peut imposer à Israël une solution : c’est à quoi il faut travailler. Ici et chez vous ! »
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(2) Israël Beitenou est, pour une large part, le parti de l’immigration russe.
(3) Même Mme Tzipi Livni, avant de se rétracter le lendemain, a déclaré que, une fois l’Etat palestinien créé, « nous pourrons dire aux citoyens palestiniens d’Israël, ceux que nous appelons les Arabes d’Israël : “La solution à vos aspirations nationales se trouve ailleurs” » (Agence France-Presse, 11 décembre 2008).
(4) Adjectif utilisé par les nazis, pendant la Shoah, pour qualifier les territoires dont tous les Juifs avaient été exterminés.
(5) Selon les quotidiens du 30 mars 2009, quarante travailleurs arabes chargés de garder des aiguillages de chemins de fer ont été licenciés parce qu’ils n’avaient pas fait leur service militaire... avant même qu’une loi ne prévoie de telles sanctions.
(9) The New Yorker, 31 mai 2004.
(12) Centre Mossawa, Akka, City on the Front, Haïfa, 2008.
Quelques dates
1947-1949. Au cours de la guerre, de 700 000 à 800 000 Palestiniens ont dû quitter leurs foyers. Seuls 160 000 restent en Israël.
21 octobre 1948. Les autorités leur imposent un gouvernement militaire, fondé sur les lois d’exception britanniques (qui restent en vigueur aujourd’hui).
1948-2008. Expropriation massive des terres palestiniennes et prolétarisation forcée de la majorité des Arabes israéliens.
Fin 1966. Annulation du régime militaire, accompagnée de la mise en place d’une « liste noire » de militants assignés à domicile ou limités dans leurs mouvements.
Juin 1967. L’occupation de Gaza, de la Cisjordanie et du Golan permet aux Palestiniens d’Israël de reprendre contact avec leurs proches expulsés.
30 mars 1976. La répression des manifestations contre la confiscation des terres fait six morts et des dizaines de blessés. Dorénavant, cette date sera celle de la Journée de la terre.
Octobre 2000. Manifestations de solidarité avec la seconde Intifada. Les représailles du pouvoir font treize morts.
Quelques chiffres
• Le salaire moyen des travailleurs arabes n’atteint en 2007 que 67 % de celui des Juifs orientaux et 52 % de celui des Juifs occidentaux.
• Le revenu moyen des Arabes israéliens par tête se monte à 7 700 dollars, celui de l’ensemble des Israéliens à 19 000 dollars.
• En 2007, 51,4 % des familles arabes vivent sous le seuil de pauvreté, contre 19,9 % des familles israéliennes.
• Seuls 5,86 % de tous les employés du gouvernement sont arabes.
• Seules 18 % des femmes palestiniennes d’Israël ont accès au travail, contre 56 % des femmes juives (et 59 % des hommes arabes).
• Depuis l’établissement de l’Etat d’Israël en 1948, aucune localité arabe n’a été créée, alors que plus de 600 localités juives ont vu le jour.
• Les Palestiniens d’Israël ne possèdent que 3,5 % de la terre de leur pays.
• Les localités arabes ont reçu moins de 5 % des fonds du budget de développement et 3 % de ceux du budget gouvernemental, alors que les Palestiniens d’Israël représentent 20 % de la population.
Joseph Algazy.
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Sources : divers rapports de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) ; Centre Mossawa, The Human Rights Status of the Palestinian Arab Minority, Citizens of Israel, Haïfa, octobre 2008 ; Centre Adva, Israël : Social Report 1998-2007, Tel-Aviv, 2008. Sauf indication contraire, les statistiques datent de 2006.
Voir aussi :
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7/29/2009
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